Article en collaboration avec le CHUV – article entier en suivant le lien 🙂
https://wp.unil.ch/uniscope/des-chiens-qui-flairent-lepilepsie-a-plein-nez/
En dehors des médicaments et de la chirurgie, des anges à quatre pattes peuvent aider les personnes atteintes d’épilepsie au quotidien. Car ce trouble a sa propre signature olfactive.
Qu’ont en commun Jules César, Napoléon et Dostoïevski ? On suppose que tous trois souffraient d’épilepsie. On considère que 5% de la population fera au moins une crise au cours de sa vie et que 1% en souffrira de manière régulière. « Ce n’est donc pas une maladie rare », constate Jan Novy.
Cet épileptologue au Service de neurologie du CHUV a participé à la Semaine du cerveau organisée par l’UNIL du 10 au 14 mars. « Dans ce cadre, nous avons beaucoup parlé des détections électroniques, comme les montres connectées, pour aider les personnes atteintes d’épilepsie, tout en faisant le point sur la détection biologique. » Entendez par là les chiens d’alerte. « Cela représente une belle collaboration humain-animal », remarque le spécialiste.
Des composés volatils
Comment les chiens parviennent-ils à réaliser ce tour de force ? En fait, l’épilepsie a sa propre odeur, qui change quelques minutes avant la survenue de la crise. Les chiens peuvent ainsi la signaler, donnant l’occasion à leur propriétaire de se mettre en sécurité. « Des chercheurs de Floride ont relevé cinq composés organiques volatils relativement différents dans la transpiration au moment de la crise », précise Jan Novy.
Mais leur truffe agile n’est pas leur seul avantage pour épauler les malades. « Une étude hollandaise a démontré les bénéfices de ces chiens, non seulement pour la santé du patient ou de la patiente, mais également sur le plan social et émotionnel, en termes de qualité de vie, relève le médecin. Les gens se sentent plus sûrs. Il y a même une légère amélioration de la fréquence des crises, peut-être en raison de la baisse de stress induite par la présence de l’animal. »
Extrême précision
Durant de nombreuses années, des personnes ont rapporté que leur chien réagissait de manière étrange lors des crises. « On a longtemps pensé qu’il captait finement le changement de comportement, avant de comprendre qu’il s’agissait davantage d’une question d’odeur », explique Jan Novy.
Publiée en 2019 dans Nature, une étude a confirmé ce ressenti. Des chiens ont été testés. On leur a fourni des échantillons frottés au préalable sur le front, la nuque et les mains de personnes atteintes d’épilepsie. Ces échantillons ont été pris à différents moments de la journée, lors de périodes calmes ou non. « Trois animaux sur six n’ont commis aucune erreur, les autres presque pas. Ils ont reniflé beaucoup plus longuement l’échantillon provenant de la personne en crise, remarquant qu’il y avait une odeur différente. Quand le chien marque, il se trompe extrêmement rarement », indique l’épileptologue.
Exposition fréquente
Mais Jan Novy se veut rassurant. « La majorité des gens souffrant d’épilepsie vont bien. Environ trois quarts d’entre eux ne font plus de crise avec une médication. Seule une faible proportion va continuer d’en avoir malgré les traitements. Pour ces personnes, c’est invalidant au quotidien, car cela revient à avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »
La présence d’un animal prend alors tout son sens pour accompagner ces malades. « Il peut même anticiper la crise de quelques dizaines de minutes, aidant son maître à se mettre en sécurité. Il tape avec son museau pour avertir de l’imminence de la crise », signale le spécialiste.
Pour autant, il faut que cet ange gardien soit régulièrement exposé à l’odeur pour qu’il conserve ce talent. Cela ne convient donc pas à tous les cas. Si les crises sont rares, un tel dispositif n’est pas optimal.